Comprendre les objectifs photo
Focale, ouverture, bokeh, distance de mise au point… tout ce qu’il faut savoir
“Sur chaque fût figure la longueur focale de l’objectif suivie de l’ouverture de diaphragme maximale.”
— Extrait de Clic-clac
1. L’objectif, l’œil de l’appareil
Si le capteur enregistre la lumière, l’objectif la façonne.
C’est lui qui détermine ce que vous voyez, comment vous le voyez, et avec quelle profondeur.
Chaque objectif porte deux indications essentielles :
La focale (ex. : 50 mm)
L’ouverture maximale (ex. : f/1.4)
Ces deux chiffres suffisent à comprendre le caractère de l’objectif.
2. La longueur focale : une question d’angle de vue
La focale (exprimée en millimètres) détermine l’angle de champ.
Plus la focale est courte, plus l’angle est large.
Plus elle est longue, plus la vision est resserrée.
👉 Sur les capteurs APS-C, il faut appliquer un facteur de conversion (souvent x1,5).
Ainsi, le 23 mm du Fujifilm X100S équivaut à un 35 mm plein format : un champ de vision proche de l’œil humain.
Paysage nocturne au grand angle : 15 mm
Focale standard : 40 mm
Téléobjectif : 300 mm
3. L’ouverture du diaphragme : gérer la lumière et la profondeur
Le second chiffre (ex. f/1.4) indique l’ouverture maximale du diaphragme — c’est-à-dire la taille du trou qui laisse passer la lumière.
Petit chiffre = grande ouverture → plus de lumière, flou d’arrière-plan prononcé.
Grand chiffre = petite ouverture → moins de lumière, image plus nette sur toute la profondeur.
OuvertureEffet visuelUsage typiquef/1.2 – f/2Flou d’arrière-plan (bokeh marqué)Portrait, ambiance nocturnef/2.8 – f/5.6Bon compromisVoyage, ruef/8 – f/16Grande profondeur de champPaysage, architecture
L’ouverture influe aussi sur la qualité du flou (bokeh), déterminé par la forme du diaphragme.
4. Les lamelles du diaphragme et le bokeh
Le bokeh (prononcé “bo-ké”) désigne la qualité esthétique du flou d’arrière-plan.
Il ne dépend pas seulement de l’ouverture, mais aussi du nombre et de la forme des lamelles du diaphragme.
Un diaphragme à 9 lamelles arrondies produit un flou doux et circulaire.
Un diaphragme à 5 lamelles génère des flous plus géométriques, parfois anguleux.
Chaque objectif a donc sa signature de flou.
C’est une affaire de goût, d’émotion et de style plus que de technique.
Diaphragme avec lamelles arrondies :
La qualité du bokeh est réputée meilleure, plus arrondi
Diaphragme avec lamelles droites :
La qualité du bokeh est réputée moindre, plus anguleux, nerveux.
5. Focale et compression : rapprocher les plans
La focale influence aussi la perception de la distance entre les plans.
Plus la focale est longue, plus elle “compresse” la perspective : les éléments éloignés semblent rapprochés.
C’est ce qui donne ce rendu “cinématographique” typique des portraits au 85 ou au 135 mm.
À l’inverse, un grand-angle exagère les distances et crée un sentiment d’immersion — parfait pour la photographie de rue ou de voyage.
6. La distance minimale de mise au point
Chaque objectif a une distance minimale de mise au point : la plus courte distance à laquelle il peut faire le point.
Un objectif macro, par exemple, permet de s’approcher à quelques centimètres du sujet, tandis qu’un téléobjectif impose plusieurs mètres de recul.
C’est un paramètre essentiel pour qui veut photographier les détails, les textures, ou les insectes.
Pour un objectif macro, la distance minimale de mise au point est très réduite, c’est ce qui permet d’obtenir des gros plans
7. Focale fixe ou zoom : la question du choix
Une focale fixe (ex. 50 mm f/1.4) offre une meilleure qualité optique, une grande ouverture, et force à bouger, cadrer, réfléchir.
Un zoom (ex. 24–70 mm f/4) est polyvalent : il permet de s’adapter rapidement, au prix d’une ouverture plus limitée.
Le photographe débutant a souvent intérêt à choisir une focale fixe.
Elle apprend la rigueur et la composition, là où le zoom favorise la facilité.
8. Le facteur de capteur : la “focale équivalente”
Tous les capteurs ne mesurent pas la même taille.
Par convention les distance s’exprime pour les capteurs plein format 24x36 (aussi appelé full frame)
Sur un APS-C, on multiplie la focale par 1,5 pour obtenir son équivalent plein format.
Sur un Micro 4/3, c’est x2.
Ainsi :
23 mm sur plein format ≈ 23 mm
23 mm (APS-C) ≈ 35 mm équivalent plein format
23 mm (4/3) ≈ 66 mm équivalent plein format
Ce calcul aide à comparer les angles de vue entre systèmes.
9. Et le rendu ?
Chaque objectif a une personnalité :
le 35 mm raconte la proximité,
le 50 mm l’intimité,
le 85 mm la douceur,
le 135 mm la mise à distance.
Choisir une focale, c’est choisir une façon de regarder le monde.